«Réponse au grand penseur du pepperoni 🍕
(vidéo ci-jointe)
Samedi dernier, à l'émission Tout peut arriver sur ICI Première, Guillaume Abbatiello, propriétaire des restaurants Pizza Salvatoré, a été CORDIALEMENT invité à discuter de son parcours entrepreneurial.
Après l'émission, dans une vidéo TikTok tournée dans sa voiture, il a décidé de livrer sa grande analyse du milieu culturel québécois : si la télévision et les arts vont mal, c'est peut-être parce que ce qu'on crée ici, « c'est de la MARDE ». Voilà le constat éclairé d'un gars qui vend des pizzas et qui, visiblement, pense que l'industrie culturelle devrait se gérer comme une franchise de fast-food.
Sauf que non, bébé champion. Ce qui est de la marde, c'est le mépris systématique envers ceux et celles qui font exister notre culture. Ce qui est de la marde, c'est qu'on répète à longueur de journée que c'est « normal » que l'art crève de faim pendant qu'on gave des algorithmes américains qui nous régurgitent du contenu prémâché.
Parce qu'en réalité, la culture québécoise n'a jamais été aussi foisonnante. Chaque année, des centaines d'artistes émergent, des films québécois raflent des prix prestigieux, nos séries voyagent à l'international, nos auteurs et autrices sont traduits partout dans le monde. Le problème n'est pas la qualité du contenu - au contraire, on n'a jamais eu autant de talent et de diversité dans notre production locale. Le problème, c'est le manque de financement, les coupes à répétition, la concentration des diffuseurs, les plateformes de streaming qui ne jouent pas notre musique, l'algorithme de Netflix qui nous enterre, les salaires de misère pour les créateurs et créatrices qui tiennent ce milieu à bout de bras. Bref, c'est une question de structure, pas de qualité.
Et pendant ce temps-là, les budgets pour les arts stagnent. Les enveloppes pour le théâtre, la danse, la littérature, la musique, les arts visuels, n'ont pas été majorées depuis des années. Dans un contexte où tout coûte plus cher - les loyers de salles, les coûts de production, le simple fait de vivre quand on est artiste -, ça signifie concrètement que plusieurs créateurs et créatrices doivent choisir entre exercer leur métier ou payer leur épicerie. Et pendant que des entrepreneurs de bouffe rapide se permettent de dire que ce qu'on fait ici, c'est de la marde, des artistes de grand talent quittent la culture parce qu'ils et elles n'arrivent plus à joindre les deux bouts.
T'as le droit de ne pas aimer tout ce qui se fait ici. Mais cracher sur un milieu déjà fragilisé, en balayant d'un revers de main des années de talent, de passion et de travail, c'est non seulement ignorant, c'est insultant. La culture québécoise, c'est pas juste des musées et des films qui te plaisent pas. C'est aussi les artistes qui remplissent nos salles, qui font vibrer nos écrans, qui donnent un accent unique à nos histoires. Pis si t'aimes pas ça, c'est ben correct mais peut-être que c'est pas la culture qui est en crise. Peut-être que c'est juste ton ouverture d'esprit.
Tu peux être sûr que je ne remettrai plus jamais les pieds dans un de tes restaurants, et je pense que je ne serai pas la sGrande Mobilisation des Artistes du Québec Mathieu Lacombe, député de Papineau à l'Assemblée nationaletTout peut arriveraICI Premièreremière »