Les Moaï de l'Île de Pâques sont en danger : ce que disent les experts
Crédit photo: Pexels - Miguel Cuenca
À l'autre bout du Pacifique, une petite île volcanique se bat pour protéger ce qui fait son âme: les Moaï. Longtemps, l'isolement a servi de bouclier.
Aujourd'hui, il ne suffit plus. Entre météo extrême, sols qui s'effritent et affluence touristique, ces statues deviennent les témoins d'un équilibre qui craque.
Rapa Nui marche sur un fil. Le tourisme fait vivre l'île, mais il use aussi ses sites.
Les sentiers autour des ahus s'élargissent, la pluie s'infiltre, le vent emporte la terre, et les embruns salins mordent la roche.
Des équipes de recherche parlent d'une érosion qui s'accélère, surtout sur les côtes où plusieurs plateformes montrent des affaissements et des fissures.
À cela s'ajoutent les incendies, plus fréquents avec la sécheresse. Celui de 2022 a laissé des dizaines de statues abîmées, noircies, fragilisées.
Des fonds d'urgence ont permis de nettoyer, tester des produits de conservation et organiser des restaurations ciblées. Utile, oui, mais la matière reste tendre, et chaque choc climatique laisse sa marque.
Le coeur de l'enjeu dépasse la pierre. Les Moaï sont une présence spirituelle, un lien direct entre les ancêtres et la communauté.
Quand une statue se dégrade, ce n'est pas qu'un monument qui s'effrite, c'est un repère culturel qui vacille. Des rapports internationaux classent Rapa Nui parmi les sites les plus vulnérables : sécheresse, vagues extrêmes, feux de brousse et pression des visiteurs se renforcent mutuellement.
Un moyen de freiner l'érosion?
Faut-il restreindre l'accès pour ralentir l'érosion? Fermer trop de zones coupe une source de revenus essentielle. Ouvrir sans limites, c'est accélérer la perte.
La communauté Ma'u Henua, qui gère le parc national, cherche des solutions concrètes. La numérisation 3D, menée avec des partenaires spécialisés, aide à suivre l'état des statues et à planifier des interventions sans toucher à la pierre.
Reste la question de fond : un patrimoine vécu peut-il se réduire à des modèles numériques? Sur l'île, les positions varient.
Certains veulent protéger chaque Moaï, quitte à déplacer ou couvrir les plus exposés. D'autres préfèrent accepter un vieillissement naturel, par respect pour le cycle du temps et le lien au paysage.
Entre économie locale, science et tradition, Rapa Nui teste les limites de la conciliation. Protéger sans figer, transmettre sans enfermer: la survie des Moaï dépendra de cette capacité à tenir ensemble la nature, la mémoire et la foi des gens qui y vivent.
Source: Science&Vie
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