Vos ongles de pieds pourraient révéler un problème de santé ignoré
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Des chercheurs canadiens proposent une façon surprenante de suivre l'exposition au radon, ce gaz radioactif discret qui s'infiltre par le sol et fait monter le risque de cancer du poumon.
Leur angle? « Lire » les orteils. Dans une étude parue le 7 octobre 2025 dans Environment International, une équipe de l'Université de Calgary montre qu'on peut mesurer, dans les ongles d'orteils, des traces d'un isotope bien précis: le plomb-210, produit quand le radon se désintègre.
Pourquoi les ongles? Parce que les métaux lourds se logent dans des tissus qui poussent lentement, comme les cheveux, la peau et les ongles. Avec le temps, ces traces s'accumulent.
Au bout du compte, ces tissus gardent des marques d'exposition pendant des mois, parfois des années.
Ils ont trouvé du 210Pb dans 39 des 55 échantillons d'ongles d'orteils analysés.
Chez les adultes exposés longtemps à beaucoup de radon à la maison (moyenne 26,5 ans), les niveaux tournaient autour de 0,298 femtogramme de 210Pb par nanogramme de plomb stable, contre 0,075 chez les moins exposés.
Autrement dit, la « signature » du radon se retrouve bel et bien sous nos ongles.
Le radon demeure une préoccupation au Québec et ailleurs au Canada: il est incolore, inodore et peut s'accumuler dans les bâtiments, surtout quand la ventilation est faible et que l'air intérieur tire celui du sol. On le détecte d'ordinaire avec des tests d'air à domicile.
Regarder ses orteils, c'est bien, mais faire un test au radon, c'est mieux
L'approche par les ongles d'orteils ne remplace pas ces tests, mais elle offre un nouvel outil pour estimer l'exposition à long terme d'une personne, ce qui est particulièrement utile quand on veut relier un risque individuel à des années de vie dans des logements différents.
Les auteurs comptent maintenant élargir leurs travaux à des milliers de participants.
L'objectif est clair: mieux reconnaître la part du radon dans le cancer du poumon et, à terme, améliorer le dépistage des personnes qui n'ont jamais fumé, mais qui ont été exposées au gaz pendant longtemps.
On ne sait pas encore quel seuil exact d'exposition devient cancérogène pour chacun; par contre, on tient ici un biomarqueur tangible, enraciné dans le corps, pour documenter cette exposition.
En pratique, ça signifie deux choses. D'abord, tester sa maison demeure la première étape.
Ensuite, dans un contexte clinique ou de recherche, l'analyse des ongles d'orteils pourrait aider à dresser un portrait plus fidèle du risque lié au radon au fil des années.
Une petite coupe d'ongles, pour une grande avancée en santé publique.
Source: Science&Vie
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